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Le blog d'Ent'Raid 49

Etape 6 : Ils sont arrivés à Castellote

6 Juin 2013 , Rédigé par entraid49 Publié dans #Cholet-Denia

Etape 6 - Barbastro/Castellote - 185 kms - 7h40 - 24 km/h

 

Une très courte nuit compte tenu de la longueur de l'étape pyrénéenne. Hotel sympa à Barbastro et départ vers 8h30... A peine sortis de la ville, un petit caillou bien saillant fait exploser mon pneu... changement de roue et en avant. Jambes un peu lourdes pour tout le monde, beau soleil pas de vent et très vite des grandes lignes droites qui n'en finissent pas. Nous roulons tous les trois roue dans roue, passages de relais rapides, bonne ambiance et une bonne quarantaine de bornes plutôt rapide. Contournement d'un petit massif qui s'érige face à nous et progression à travers une campagne désertique mais vallonnée. C'est l'image que j'ai de l'intérieur de l'Espagne quand je la traverse en voiture pour descendre à Dénia.

Il fait chaud et nous ne croisons pas grand monde. André et son camion nous attendent de villages en villages afin de parer à nos besoins en eau... Puis au km 70 nous bifurquons sur une petite route improbable. Imaginez une route déserte, cernée par des plaines arides à perte de vue, avec encore moins de monde que vous ne le pensez, et vous y êtes presque. Pas un chat, ni une âme qui vive pendant 25 kms. Nous sommes seuls au monde au coeur de l'Espagne sur nos petits vélos. Km 95, nous retrouvons une nationale roulante, vent dans le dos et c'est parti, ça commence à envoyer un peu, vitesse de croisière autour de 38/40 km/h, roulez les copains. Je sens petit à petit que je peine un peu et nous roulons jusqu'au km 110 où nous faisons une pause bien venue.
 
 
Arrêt rapide et nous roulons à présent sur de grandes routes faites de très longues montagnes russes mais au loin se profilent des orages dans un ciel chargé et inquiétant. Le vent se lève, pleine face, déstabilisant et même déséquilibrant... Je rentre tout doucement mais surement dans le dur. J'ai beaucoup de mal à suivre le rythme, Christophe et Franck affrontent le vent, je me cale derrière eux, me fais distancer, puis reviens et ainsi de suite. La pluie arrive et les conditions deviennent réellement très très compliquées. Notre Dédé se met à ma hauteur et me demande même de monter dans le camion. -Passe ton chemin et les laisse moi tranquille...
 
 
Arrêt forcé pour tout le monde afin de mettre des tenues pluies...( mille merci Fabrice notre sponsor ) nous repartons, moi à l'agonie, Franck et Christophe bien devant. Les éclairs fusent au dessus de nos têtes, le ciel se déchire dans un bruit assourdissant, l'aspiration des camions et le vent nous mettent en équilibre précaire parfois. Dédé nous attend à la bifurcation du km 155, il en reste trente, nous faisons un point. Dédé me glisse à l'oreille - Monte dans le camion qu'est ce que ça peut foutre, faut pas mourir les gars!!!! C'est à ça qu'on reconnait un vrai directeur sportif, il veut pas que ces coureurs meurent... Tellement investi dans sa mission notre Dédé, tellement inquiet de nous voir ramer ainsi... Dédé le tendu !!!! je me sépare de mon Ipod, bois un Coca.... Franck qui craint l'hypothermie file devant... Je lui emboite le pas... Suivi par Christophe.  
 
 
Changement radical de décor, nous nous enfonçons sur une route montagneuse bordée de Pic rocheux, il pleut, je me retrouve seul très vite, les gars sont partis et ils ont bien fait. Les descentes sont dangereuses pour moi sous cette pluie, j'ai comme une énorme caravane et des jambes en mousse... nettement moins efficaces qu'en bois. C'est une galère sans nom. Les gars sont hors de ma vue depuis longtemps et je sais que le calvaire se vivra seul. Mais... je sais à travers ma petite expérience de l'ultra trail que les états physiques sur de telles distances ne durent jamais. Quand on est bien, ça ne peut pas durer... Quand on est mal, ça ne dure pas non plus très longtemps. Je me mets donc en mode "cerveau verrouillé". Pas de mauvaises ondes, je regarde autour de moi, c'est splendide même sous la pluie, un lac artificiel, son barrage, des pics rocheux majestueux, la route sinueuse et escarpée défile au coeur de cette Sierra, bien enclavée en son sein, un endroit fabuleux... Doucement je reviens dans le coup, les cuisses répondent mieux, le coeur est nickel... Les kilomètres défilent doucement... encore 20, puis 15, ça monte, ça descend... je me sens revivre, les gars sont loin, mais tout va bien. 10 kms encore, je décide de me mettre dans le rouge et de finir en beauté... C'est parti, le cardio toujours à la limite du rouge, les cuisses à la limite lactique... J'appui fort sur les pédales de mo n destrier roulant...j e vois Franck et Christophe très loin devant en haut d'un petit col, j'accélère, je pousse, je mouline...la dernière montée est juste énorme, je les ai en point de mire, quand Christophe atteint la pancarte Castellote, je suis avec Franck pour les vingt derniers mètres, nous arrivons donc ensemble...
 
 
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185 kms d'une journée hors norme, de la chaleur, du vent, de la pluie, du froid, de la souffrance au bord de la défaillance, du courage sans doute, de la volonté surement et comme une rennaissance dans l'effort... C'est pour toutes ces raisons que l'on aime ce que l'on fait. Seuls sur nos vélos, sans public, sans rien à prouver à personne si ce n'est à nous même.
 

Nous savons tous les trois que le but à atteindre est énorme, qu'il se mérite, mais nous savons surtout, que bien plus que le but, c'est le chemin qui y mène qui nous rendra meilleurs. 
 

Bises à tous, maintenant il faut dormir...
Dm
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